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Colopathie fonctionnelle et acupression – intestin et colon irritable

Colites et maux de ventre en Médecine Chinoise
Article colopathie vue par la médecine occidentale et Chinoise
Par Sophie Lafourcade
Ceci est mon article de fin d’étude suite à ma formation en Acupression – MTC. Pour en savoir plus, vous pouvez me contacter ou suivre ce bouton pour découvrir cette formation.

Sommaire

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Introduction

Je souhaiterais parler de la colopathie fonctionnelle vue par la médecine occidentale, et par la médecine chinoise. J’essaie en effet de m’en guérir depuis 12 ans.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »2″][vc_column][vc_column_text]

La colopathie fonctionnelle

1. Définition et contexte

La colopathie fonctionnelle, également appelée le syndrome de l’Intestin ou du côlon irritable (SII ou SCI), est un trouble digestif complexe, multi-factoriel, se caractérisant par des douleurs au ventre souvent généralisées, fréquentes, chroniques, et parfois térébrantes. Elles seraient dues à des anomalies de la sensibilité et du fonctionnement de la paroi colique (paroi du colon), qui serait irritable (mais pas forcément irritée). Ceci serait dû à un dysfonctionnement des communications nerveuses entre le système nerveux périphérique du tube digestif et le système nerveux central (cerveau).

Elle débute souvent vers 30-40 ans, par pics d’abord, puis s’installe progressivement. Elle toucherait 15 à 20% de la population, surtout des femmes (2/3 des cas). 9 millions de français en seraient atteints, de tous âges et milieux, et seulement 1/3 de ces personnes consultent pour ce motif. Selon une étude, cette maladie est à l’origine de 60 % des consultations de gastro-entérologie, et d’une grande partie de l’absentéisme au travail.

2. Symptômes

Les symptômes peuvent être :

  • diarrhées (parfois très fréquentes en cas de crise) souvent impérieuses, ou constipation, ou alternance des 2,
  • sensation de distension et douleurs parfois sévères dans tout le ventre,
  • sensation d’évacuation incomplète,
  • éructations, hoquets,
  • borborygmes, flatulences,
  • troubles de la digestion (fatigue, maux de tête après les repas…),
  • inappétence, nausées,
  • lors d’examens médicaux poussés, aucune anomalie n’est détectée à part une inflammation (souvent modérée) de la muqueuse du côlon et/ou parfois un côlon un peu plus long que la normale.

Ces troubles fonctionnels évoluent de façon capricieuse et fluctuante sans jamais s’aggraver ou se compliquer. Mais même si la colopathie fonctionnelle ne met pas en jeu le pronostic vital, elle peut considérablement altérer la qualité de vie. Sur le plan de la fatigue et du bien-être émotionnel, l’impact de la colopathie sur le quotidien semble équivaloir à un cancer du côlon ou une maladie de Crohn. De plus, les symptômes sont partagés avec la maladie de Crohn et la maladie cœliaque (intolérance au gluten), ce qui augmente la confusion des médecins quant au diagnostic.

Les critères de la maladie ont été établis en 2006 par une commission internationale d’experts à Rome, dont la dernière version datant de 2016 est la suivante : Douleur abdominale chronique survenant en moyenne au moins un jour par semaine dans les 3 derniers mois, associée à au moins 2 des points suivants : associé à la défécation/associé à une modification de la fréquence des selles/associé à une modification de la consistance des selles.

D’après une enquête, seuls 25% des médecins connaissent ces critères, et 82% des gastro-entérologues. Les diagnostics traînent donc en longueur (2 ans en moyenne) et se font souvent par déduction.

Le caractère chronique, imprévisible et douloureux de cette maladie est épuisant. La douleur peut être intermittente, ou permanente, et très variable en intensité, et elle est souvent présente la nuit car l’immobilité et l’horizontalité augmentent les symptômes. Cette maladie altère donc aussi le sommeil, l’énergie, le moral, la sexualité, la vie professionnelle…

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La colopathie fonctionnelle vu par la médecine occidentale

1. Les différentes thèses avancées par la médecine occidentale

Les causes sont inconnues, mais différentes thèses sont avancées :

  • les troubles psychosomatiques (anxiété, stress) pourraient déclencher les crises ou aggraver les symptômes, les interactions cerveau/Intestins pourraient donc être la cause,
  • le facteur génétique serait important,
  • la mobilité du côlon et de l’Intestin serait mauvaise, ou trop rapide (diarrhées), ou trop lente (constipation),
  • son apparition surviendrait, dans 20% des cas, à la suite d’une gastro-entérite ou d’un choc psychologique,
  • la flore Intestinale pourrait jouer un rôle,
  • une malabsorption des acides biliaires,
  • les hormones pourraient aussi avoir un rôle puisque les femmes sont plus touchées que les hommes.

Cette maladie est classée dans les maladies psychosomatiques.

En Occident, la psychosomatique est une sorte de fourre-tout où on met toutes les maladies inexpliquées et difficiles à soigner. Ces maladies sont dites « liées aux organes de « la vie de relation » touchant en particulier les organes des sens », comme les maladies de la peau (eczéma, psoriasis), du Poumon (asthme), de l’appareil digestif (ulcère, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn, colopathie fonctionnelle), etc.

2. Traitement

La cause étant inconnue, il n’existe aucun traitement. La médecine occidentale tente juste de soulager les symptômes (antispasmodiques, anti-diarrhéiques, antibiotiques, laxatifs, antidépresseurs…).

Les médecins et gastro-entérologues occidentaux conseillent de surveiller son alimentation, d’éviter les légumineuses (lentilles, haricots blancs etc.), les brassicacées (chou etc.), de bien mâcher et de manger dans le calme, de faire éventuellement une recherche d’allergies alimentaires, d’essayer d’arrêter le gluten, de contrôler son stress (thérapie, sophrologie, hypnose), de faire du sport

Chaque cas étant différent, chaque malade peut tenter de trouver une formule pour soulager ses symptômes (relaxation, homéopathie, phytothérapie etc. parmi les possibilités), sachant qu’il faut en moyenne 4 à 6 semaines pour pouvoir observer un pic d’efficacité lorsqu’on essaie quelque chose, la patience est donc de mise.

3. Mon expérience coté occident

Les médecins semblent ne pas s’intéresser vraiment à cette maladie, et il est très difficile de rester stoïque lorsqu’on les entend nous dire « Ne vous inquiétez pas, ce n’est rien de grave, mâchez bien, détendez-vous, c’est dans la tête ! », alors même qu’on souffre de façon importante. Ceci entretient la colère et le sentiment d’injustice. Toute pathologie dite « psychosomatique » ne devrait pas être vécue comme une honte ou un signe d’autodestruction nécessitant des anti dépresseurs (qui inhibent par là même encore plus les sentiments au lieu de les laisser sortir de façon salvatrice).

En 12 ans, j’ai tout essayé, et fait de multiples recherches sur internet pour trouver comment me soulager :

  • j’ai entrepris une psychothérapie qui m’a beaucoup aidée mais n’a pas résolu le problème pour le moment.
  • j’ai pris tous les médicaments que les médecins m’ont conseillé d’essayer (antispasmodiques, laxatifs, anti nauséeux, antibiotiques, anxiolytiques, antidépresseurs etc.), aucune amélioration, au contraire : les laxatifs augmentaient la douleur, les antibiotiques mettaient à mal ma flore Intestinale, les antispasmodiques n’empêchaient pas la douleur, et lorsque j’ai pris des antidépresseurs, les douleurs sont devenues permanentes, et j’ai appris plus tard que c’était mauvais pour le Foie. Tout ceci semble en fait aggraver le problème et le cercle vicieux.
  • j’ai donc essayé toutes sortes de thérapies naturelles (phytothérapie, homéopathie, naturopathie, ostéopathie, kinésiologie, acupuncture), l’hypnose, la relaxation, des thérapies diverses (EMDR, thérapie comportementale), le psyllium (contre la constipation), la menthe poivrée et le charbon actif (contre les ballonnements), les probiotiques (pour la flore Intestinale), et j’en passe… rien n’a vraiment marché sur le long terme, le soulagement, s’il y en avait un, ne durait pas. Pour l’acupuncture, après 2 séances infructueuses, le médecin chinois que j’ai consulté m’a dit qu’il ne pouvait pas m’aider si je faisais une thérapie en même temps et m’a demandé de revenir ensuite, ce qui m’a découragée.
  • j’ai remarqué que lorsque je fais du Qi Gong, du sport, de la relaxation, de la méditation, ou du yoga tous les jours, je dors beaucoup mieux et j’ai moins mal au ventre, et moins de crises.
  • j’ai essayé successivement plusieurs régimes :
    • retiré de mon alimentation les aliments auxquels je suis intolérante,
    • arrêté le gluten (même si je ne suis pas intolérante)
    • évité le gras, les fruits et les légumes crus, les excitants (café, alcool etc.), les épices, produits laitiers.
    • Et puis j’ai découvert récemment sur internet (il y a un mois) l’alimentation pauvre en FODMAP (voir article Source : www.passeportsante.com sur le régime FODMAP), le seul régime à avoir prouvé son efficacité.

Le Dr Sue Sheppard, nutritionniste australienne, dont les premières observations remontent à il y a 10 ans, est à l’origine de cette approche alimentaire spécifique, qui a été creusée par les scientifiques après avoir fait ses preuves dans les pays anglo-saxons. Elle a en effet mis en évidence le fait que retirer les glucides fermentescibles de l’alimentation des malades en soulage 75%. Les sucres à chaîne courte seraient en effet difficilement digestibles, et arrivent donc quasi intact dans l’Intestin et fermentent, d’où les ballonnements et distensions abdominales. Certaines personnes sont sensibles à toutes les familles de sucres, d’autres à une partie voire une seule, le degré d’irritabilité dépendant de la dose.

Ce régime même s’il est contraignant, permet de manger une alimentation variée, crue ou cuite, et peu frustrante à court terme. C’est assez facile à mettre en œuvre et surtout, j’ai ressenti des bienfaits : dès le lendemain, le niveau de douleur a baissé et la diarrhée s’est estompée. Même si je n’en suis qu’au début, j’ai espoir en cette méthode, le but étant de reconnaître, après 4 à 8 semaines de régime faible en FODMAP, à quel(s) glucide(s) mes Intestins sont les plus sensibles, et de trouver mes limites.

Malheureusement ceci n’empêche pas les crises suite à des émotions fortes ou des événements importants, mais je trouve dommage que les médecins ne connaissent pas le régime sans FODMAP et ne le conseillent pas aux malades, car le soulagement est notable, et le moindre mieux être est important pour sortir du cercle vicieux de cette maladie. Un moment de répit est un espoir de guérison, qui lui-même diminue la douleur.

D’après les témoignages de personnes qui ont réussi à ne presque plus souffrir de cette maladie (dans mon entourage ou sur internet), il est important d’arriver à reconnaître quels aliments on doit éviter, de bouger, et d’éviter le stress au maximum. Le problème lorsque la maladie s’installe, c’est que quoi qu’on mange on a mal au ventre, il est donc très difficile de reconnaître quels aliments accentuent la douleur. Ce régime sans FODMAP est donc d’une grande aide, même si bien sûr, il peut soulager le SII, mais ne le soigne pas.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »4″][vc_column][vc_column_text]

La colopathie fonctionnelle en médecine traditionnelle chinoise

Lors de cette formation, j’ai eu la joie de découvrir que les causes de la colopathie étaient connues et traitée par la MTC (ainsi que les autres maladies psychosomatiques), puisqu’il s’agit d’une dysharmonie entre le Foie et la Rate. J’ai fait de multiples recherches sur internet pour encore mieux comprendre le processus, et j’ai aussi encore beaucoup creusé en moi. Ce travail m’a beaucoup aidé à mieux comprendre le processus émotionnel qui entre en jeu.

1. Le SII vu par la médecine Chinoise

Selon la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), il semble que le Gros Intestin ne soit qu’une branche du problème, la racine de la SII étant due à a une dysharmonie entre le Foie et la Rate.

Le Gros Intestin n’est pas le « deuxième cerveau », il n’y a pas d’esprit dans le Gros Intestin, mais il gouverne le lâcher prise et fait partie du centre de l’Homme. La médecine chinoise considère que le centre de l’homme, le ventre, est le lieu de traitement et de stockage des émotions, et plus particulièrement l’Intestin et l’Estomac. Le ventre est donc tout entier siège des émotions, pas seulement le Gros Intestin.

2. Les causes

En MTC, la dysharmonie vient :

  • d’une alimentation trop humide (aliments crus, gras, sucre, produits industriels etc.) qui perturbe les fonctions de la Rate, car la Rate est facilement atteinte par l’humidité,
  • d’une perturbation de l’esprit/ Shen ou entités viscérales due aux émotions : en effet, trop de colère ou de sentiments non exprimés peuvent bloquer l’énergie du Foie, qui peut ensuite attaquer Rate, Estomac, Gros Intestin…

En effet, en médecine chinoise, le déséquilibre d’un organe peut perturber les émotions, et l’inverse est aussi vrai. Le Foie est le « général des armées », il assure la libre circulation de l’énergie/Qi et des liquides organiques, et régularise les sentiments, évite les extrêmes. Il initie la réflexion et les projets, le renouveau. Il est à l’origine de la force qui permet de gérer la pression et de nous affirmer. Bloquer l’expression d’une émotion, ou la vivre avec une intensité excessive ou trop longtemps, peut déséquilibrer le Foie, cette force devenant colère exprimée (faisant alors monter le Yang du Foie) ou rentrée (faisant stagner l’énergie du Foie). La colère rentrée n’est souvent pas ressentie comme une vraie colère, elle est plutôt associée à la frustration, menant à un état de fatigue/déprime. Cet état se caractérise par des difficultés à s’organiser ou à planifier, de l’irritabilité, et des réactions émotionnelles disproportionnées par rapport aux situations vécues. La colère rentrée peut donc créer une stagnation de Qi du Foie, créant : fatigue, irritabilité, soupirs fréquents, sensation de gorge serrée et d’oppression à la poitrine et aux flancs, syndrome prémenstruel. Cette stagnation de Qi du Foie peut s’aggraver et produire des stases de Qi du Foie, créant : douleurs abdominales dans tout le ventre, règles douloureuses avec caillots ou sang foncé, saignements de nez ou autre. Si le déséquilibre n’est pas traité, le Foie peut alors envahir la Rate, selon le cycle de domination des 5 éléments.

Il y a en effet une relation ténue entre Foie et Rate : le Foie draine et stocke le sang produit par le couple Rate/ Estomac et régularise le volume sanguin et les sentiments. Il produit la bile qui favorise la digestion. La Rate contrôle le sang, elle le produit et le transporte, le retient par sa fonction d’organe Yang et le fait monter. De plus, elle sépare le pur, qu’elle fait monter au Poumon, et l’impur, qu’elle fait descendre à l’Estomac. Ces deux mouvements ne peuvent s’effectuer correctement si l’un des deux est affecté selon le principe du Yin et du Yang. On dit que le Qi de l’Estomac descend grâce au Qi de la vésicule biliaire, alors que le Qi de la Rate monte grâce au Qi du Foie. Si le déséquilibre du Foie fait stagner le Qi, les fonctions de la Rate de transformer et de transporter le Qi, le sang et les liquides organiques peuvent être aussi perturbées, empêchant la montée du Qi/pur, ainsi que les fonctions de descente de Qi/impur de l’Estomac. Le pur et l’impur se mélangent alors.

Le vide de Qi de la Rate peut laisser s’installer l’humidité créant : diarrhées, distension et douleurs abdominales, fatigue, mucus dans les selles. De plus, un vide de Rate peu créer des saignements car sa fonction de maintenir le sang dans les vaisseaux peut être atteinte (ménorragie ou autre) ce qui peut mener à un vide de sang, et même à des descentes d’organes (ptoses) car la Rate maintient les organes en place. Quant au Gros Intestin, source de ces douleurs, il n’est donc qu’une branche du problème. Le Gros Intestin gouverne l’élimination des déchets et le lâcher prise. Il reçoit les aliments des Intestins, lui-même étroitement lié au cœur. Il est donc étroitement lié à l’esprit/Shen. Le Gros Intestin sépare le pur du trouble, réabsorbe une partie du pur, et excrète les selles. Il est associé au Poumon, qui est atteint par la tristesse. En cas de vide de Qi ou de Yang, de stagnation de Qi, dues aux émotions non exprimées et/ou à la fatigue, le Gros Intestin ne peut plus évacuer les selles, ceci expliquant son problème fonctionnel.

D’autre part, le centre de l’homme a non seulement pour fonction la digestion des aliments, mais aussi des sentiments, et tout sentiment non digéré y reste bloqué ce qui crée des déséquilibres.

Le Foie peut aussi envahir l’Estomac, gênant sa fonction d’abaisser l’impur. L’Estomac étant la source des liquides, il contrôle le murissement et le pourrissement de la nourriture, source du Qi, et contrôle la descente du Qi. Une descente perturbée crée une stagnation d’aliments dans l’Estomac provoquant gonflement et douleurs dans tout le ventre, perte d’appétit. Lorsque la stagnation de Qi de l’Estomac s’aggrave, le Qi peut remonter à contre-courant, provoquant nausées, vomissements, hoquets, éructations, hernie hiatale…

Un Estomac perturbé peut provoquer des troubles maniacodépressifs, de l’angoisse, de l’hyperactivité.

3. Atteinte des entités viscérales, le cercle vicieux

En médecine chinoise, chaque organe héberge une entité viscérale.

L’entité viscérale du Foie (élément bois), Hun, est donc souvent à l’origine de ce déséquilibre. Les individus « bois » sont plus sujets à la colère car très attachés à la notion de justice et s’indignent facilement. Ceci expliquerait pourquoi la frustration et la colère les atteindraient plus que les autres, et leur Foie serait plus facilement déséquilibré.

Po, entité viscérale du Poumon responsable de l’instinct de conservation, peut être touché par la tristesse car cette maladie crée une crainte de l’avenir/de ne pas s’en sortir qui altère le Qi.

Le Shen du Cœur est aussi perturbé car chaque sentiment excessif le perturbe, et ce déséquilibre peut facilement mener à l’accablement, puis à la dépression.

Yi, entité viscérale de la Rate, est affectée, car la Rate est déséquilibrée par le Foie, ce qui est source de rumination (sentiment lié à la Rate), et que cette maladie est elle-même source de rumination car on est très centré sur son ventre, la douleur et les désagréments devenant une obsession.

Le découragement est aussi très important dans cette maladie, car à chaque moment de répit on espère avoir trouvé la clé et être enfin soulagé, mais lorsque la douleur revient c’est très décourageant. Le Zhi, esprit du Rein responsable de la volonté et du courage, peut être fortement atteint. D’autre part, par ricochet le problème du Foie peut aussi déséquilibrer le Rein, selon le cycle d’engendrement des 5 éléments (le fils pille le Qi de la mère), créant peur de l’avenir et faiblesse lombaire – les points d’acupression et l’automassage peuvent alors être une aide précieuse.

La rumination mentale créée par la maladie épuise donc un peu plus la Rate, déjà attaquée par le Foie. L’accablement blesse le cœur, l’inquiétude le Rein, la tristesse, le Poumon, ce qui peut encore affaiblir le couple Rate/Estomac, atteindre le Poumon/le Gros Intestin, le Rein, le cœur, diminuer l’énergie Qi. Tout ceci est une escalade qui finit par rendre les symptômes permanents.

Il est donc très important de calmer Le Shen/esprit car tout ceci crée un cercle vicieux d’où il est très difficile de sortir, entre colère, irritabilité, fatigue, mauvais sommeil, rumination, sentiment d’injustice, découragement, dépression, et même hyperactivité et troubles maniacodépressifs (en cas d’atteinte de l’Estomac).

4. Mon cas coté médecine Chinoise

Depuis toute petite, les émotions fortes me donnaient déjà mal au ventre, mais ça ne durait pas. Puis lorsque j’ai eu 32 ans, devenue mère, j’ai commencé par avoir les symptômes de stagnation de Qi du Foie (maux de ventre, irritabilité) car la maternité m’a mise face à ma propre enfance difficile, et j’ai alors entamé une psychothérapie. La base était donc bien des sentiments refoulés.

Puis quelques années plus tard, les symptômes de stases de sang sont apparus (maux de ventre intenses, constipation, caillots de sang lors des règles).

Puis quelques années après encore, la Rate a été atteinte puisque j’ai eu des diarrhées en alternance de la constipation, puis que des diarrhées, et enfin l’Estomac a été atteint avec éructations, nausées, reflux acides.

J’ai tous les symptômes de la colopathie qui vont et viennent et ont été de plus en plus fréquents au fil des ans, avec aucun répit depuis 2 ans avant le début de l’auto traitement en acupression, et le régime sans FODMAP.

Mon sommeil en est très altéré, notamment entre 1H et 6H du matin, heure circadienne du Foie et Gros Intestin, où leur activité est à son maximum.

J’ai depuis 20 ans des problèmes de dos, qui se sont soldés il y a 5 ans, suite à un déménagement, par une hernie discale L5/S1. Il est à noter que ma hernie discale se trouve au niveau du point Shu de l’Intestin Grêle. Je pense que l’origine de mon problème est le vide de Yang du Rein car petite j’avais souvent peur, et j’ai fait de l’énurésie jusqu’à mes 10 ans. Ensuite j’ai toujours eu des urines fréquentes et claires, et d’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours levée la nuit pour faire pipi. Le découragement face à cette maladie est important (le courage vient des Reins), ce qui affaiblit encore le Rein. Le Rein étant la mère du Foie selon le cycle d’engendrement des 5 éléments, la maladie de la mère peut atteindre le fils.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »5″][vc_column][vc_column_text]

Mon bilan énergétique

Les déséquilibres étant multiples, souvent l’un prend le dessus sur l’autre et donc ma langue, mon pouls et autres symptômes changent beaucoup.

Langue parfois rouge en cas de crise, souvent un peu pâle (vide de Yang), plus rouge sur les côtés et au bout (feu du Foie et du cœur), parfois points rouges, et veinules sublinguales foncées (stases de sang).

Enduit un peu sale et jaune au fond (humidité des Intestins, rétention d’aliments), plutôt blanc sur le reste de la langue (vide de yang).

Teint pâle brillant (vide de Yang), yeux un peu rouges (Foie), et sclérotique jaune à certains endroits (Rate/humidité).

Pouls profond, fin et en corde (douleur, Foie, chaleur GI), parfois glissant (humidité).

Rêves assez abondants et sommeil souvent léger non réparateur (Foie).

Parfois surmenage, hyperactivité (Estomac). Transpiration l’après-midi (vide deYang).

Depuis 12 ans j’ai de l’eczéma aux mains type vide de sang du Foie. Les plaques d’eczéma sont localisées au niveau des points 1GI et 8C (signes d’atteintes de ces méridiens).

Depuis quelques années, j’ai tendance à la conjonctivite au printemps (le printemps est la saison du Foie, et le Foie s’ouvre aux yeux : feu du Foie).

Douleurs parfois aux articulations des épaules et articulations qui craquent (vide de Rein). Arthrose au cou (humidité).

Assez frileuse (vide de Yang), crainte du vent et du froid (Foie, Rein), souvent membres froids.

Maux de tête parfois au sommet de la tête ou au front (Foie).

Pendant les crises, peu d’appétit (vide Qi de la Rate) et soif sans envie de boire (chaleur humidité). En dehors, appétit et soif (chaleur).

Vertiges légers parfois, apparu progressivement (vide ou glaires humidité).

Douleur sourde chronique aux Reins (après hernie discale L5/S1 avec sciatique), aggravée à l’effort (vide de Yang du Rein). Urine souvent abondante et claire (vide de Yang des Reins), je bois beaucoup. Douleurs sévères au niveau de D7, qui irradie jusque dans le cou, hernie hiatale minime (blocage du diaphragme, vide de sang, Qi Estomac à contre-courant). Alimentation saine et bio, équilibré.

Environnement assez venteux (le Foie déteste le vent).

Synthèse selon les 8 principes

Ce déséquilibre est donc d’origine interne (vide de Yang du Rein/stagnation Qi du Foie). Terrain vide, vide de Yang du Rein. Plénitudes : stagnation de Qi du Foie et d’aliments dans l’Estomac. Vide de Yang de la Rate. Vide de sang, chaleur dans le sang (eczéma)

Syndrome Yin

Syndrome des liquides organiques : glaires fluides dans le GI

Cette maladie est donc d’origine émotionnelle (colère ou sentiments non exprimés), avec une faiblesse constitutionnelle venant des gènes ou de l’essence du ciel antérieur (Jing inné).[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »6″][vc_column][vc_column_text]

Le rééquilibrage

Chaque cas étant différent, il faut se traiter selon ses déséquilibres du moment. Dans mon cas le vide de Yang du Rein est l’origine, mais les symptômes les plus incommodants sont ceux de stagnation de Qi du Foie.

Le traitement doit être le plus ciblé possible pour être efficace, et dans mon cas, après consultation en médecine chinoise, il faut surtout libérer le Foie avec 4GI et 3F, chasser l’humidité avec 9Rte, et tonifier et réchauffer Rate et Rein avec V20, V23, 4DM, 13F, 12RM et 4RM.

Voici les traitements, recommandés pour chaque déséquilibre, mais il faut trouver son propre traitement en adaptant quelques points selon les symptômes :

Traiter le vide de Yang des Reins :

  • 3GI, 40V, 60V : désobstruent les méridiens, mobilisent le Qi et le sang et arrêtent la douleur.
  • 4DM : tonifie les Reins et le Yang véritable
  • 4RM, 36E, 23V : tonifient le Yang

Traiter dysharmonie Foie/Rate :

  • 6MC, 14F, 18V (ou point Luo de la VB 37VB), 3F, 34VB, dispersent la stase de Qi du Foie, harmonisent les sentiments
  • 20V (ou point Yuan de la Rate, 3Rte), 13F, 12RM, 36E, 6Rte, tonifient la Rate, dissolvent les mucosités,
  • 25E, régularise le Gros Intestin,
  • 40E, pour dissoudre glaires et humidité, faire descendre le Qi,
  • 45E, 1Rte, pour traiter les insomnies avec rêves perturbants.

Les points pour calmer la douleur pour toute la sphère abdominale sont les suivants :

  • 4GI, 36E, 3F, 6Rte, 7RM, 9RM, 12RM.

Traitement des Shen/émotions selon les cas :

*Points pour apaiser le Cœur (dépression, anxiété) : Il faut avant tout s’assurer de calmer le Cœur car il est l’empereur des organes, et donc touché par ricochet par toutes les émotions : 17RM (attention, ne pas utiliser en cas de trouble profond du Shen) point Mu du maître Cœur et point Hui du Qi, 7C et 5C/5P sont aussi très efficaces, 8MC et 6MC calment la douleur, 44V stoppe la rébellion du Qi créant dépression et insomnie.

*Points pour apaiser le Foie (colère, sentiments non exprimés) : 14F et 13F sont de grands points pour l’évacuation des sentiments refoulés, 3R fait baisser le Yang, 47V stoppe la rébellion du Qi créant irritabilité, vertiges.

*Points pour apaiser le Poumon (tristesse, idées morbides) : 7P permet de lâcher prise car il est connecté au méridien du Gros Intestin et du Ren Mai, 42V pour apaiser Po.

*Points pour apaiser la Rate (rumination excessive) : 13F (point Mu de la Rate), HM Yin Tang, 49V, pour apaiser le Yi, esprit de la Rate.

*Points pour apaiser le Rein/peur, découragement : 25VB (point Mu du Rein), 52V, pour apaiser le Zhi et le Rein.

Traiter le vide de sang pour l’eczéma :

  • 4MC : rafraîchit le sang et calme le prurit,
  • 17V, 10Rte, 40V : rafraîchissent le sang et tonifient,
  • 36E, 6Rte : tonifient la Rate pour produire le sang,
  • 10DM : élimine la chaleur de la peau

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Observations

Vu le caractère chronique des troubles, il semble que cela peut prendre des mois de traitement en acupression, mais je prends mon mal en patience.

En dehors des crises, le régime sans FODMAP, ainsi que l’acupression, le Qi Gong, et la méditation m’ont beaucoup aidée : mon Estomac va mieux, mon eczéma est presque parti, la douleur du ventre est beaucoup moins intense entre les crises, ma langue est moins chargée. J’ai adapté mon alimentation pour apaiser le Rate (gruau de riz chaud au petit déjeuner par exemple), je me fais des bains de pied chauds au gros sel pour réchauffer le Rein.

Ces traitements m’ont parfois fait d’intenses réactions, ont parfois les jours suivants aggravé mes symptômes ou provoqué de grosses sudations ou des mictions importants, mais je sens qu’il y a du mieux, que j’évacue petit à petit, même si j’ai toujours mal.

Je vis depuis quelques mois des moments de lâcher-prise intense avec le Qi Gong, mon psychologue et autre, je sais que j’ai encore beaucoup de travail à faire pour sortir ces émotions imprimées dans mon ventre, mais je suis sur le bon chemin.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »8″][vc_column][vc_column_text]

Conclusion

Ce mémoire m’a permis de creuser encore plus le sujet, et ça a été pour moi comme une thérapie. J’ai découvert beaucoup de choses passionnantes et ma quête ne s’arrêtera pas là. Cette formation m’a appris à décoder le langage de mon corps et à faire le lien corps-esprit, et à prendre conscience de l’origine de mes maux, ce qui est, je le sais, un grand pas pour atteindre la guérison. La santé est « une combinaison de tensions contradictoires en mélanges mesurés », et je dois manifestement intégrer la mesure. Il ressort de mes pathologies le sentiment d’injustice et le non lâcher-prise induits par le déséquilibre du Foie et du Gros Intestin, je vais donc travailler là-dessus plus ardemment car ce sont des sentiments très présents dans ma vie depuis toute petite.

Comme Platon et Socrate le pensait déjà en 400 av. JC, il y a la santé de l’âme, comme il y a la santé du corps.  C’est le degré d’ébranlement des émotions propre à chacun qui mène à la conservation de la sensation. Socrate disait : « tout ainsi qu’on ne doit pas entreprendre de guérir les yeux sans avoir guéri la tête, on ne doit pas le faire pour la tête sans s’occuper du corps, de même on ne doit pas davantage chercher à guérir le corps sans guérir l’âme ; mais que si la plupart des maladies échappent à l’art des médecins (de la Grèce), la cause en est qu’ils méconnaissent le tout dont il faut prendre soin, ce tout sans le bon comportement duquel il est impossible que se comporte bien la partie. C’est dans l’âme, que, pour le corps et pour tout l’homme, les maux et les biens ont leur point de départ… ce sont les discours qui contiennent de belles pensées ; or les discours qui sont de telle sorte font naître dans l’âme une sagesse morale, dont l’apparition et la présence permettent dorénavant de procurer aisément la bonne santé à la tête comme au reste du corps ». Nous pouvons créer nos propres maux et donc aussi notre propre bien être.

Malheureusement les sentiments ne peuvent pas s’équilibrer du jour au lendemain. C’est un vrai défi de sortir de ce cercle vicieux. Lorsque la maladie ne vous laisse pas de répit, la fatigue est permanente, l’énergie stagne et les déséquilibres aussi. Il faut une grande force de caractère pour gravir la montagne.

Je pense que le plus important pour sortir de cette maladie (dans l’idéal !) est d’entretenir la joie pour que l’esprit soit bien hébergé par le Cœur, et de travailler à préserver son calme et son bien-être. Pour cela il faut beaucoup de travail sur soi pour mieux se connaître, découvrir ce qui nous détend et expulser ce qui nous stresse, c’est primordial. Et il faut faire sortir ces mémoires enfouies dans notre ventre, ce que la médecine chinoise aide à faire.

Comme il y a une part d’hérédité dans cette dysharmonie, cela donne des prédispositions à être plus atteint par le stress, il faut donc atteindre une certaine sérénité dans sa vie pour s’en sortir.

Je connais maintenant beaucoup mieux mon déséquilibre, je continue à me soigner, à aller mieux (même si c’est lent) et à devenir plus forte pour être moins atteinte par les émotions, et je sais que je m’en sortirai grâce à ma persévérance, et à la médecine chinoise. C’est une question de temps, de joie, de patience, et de courage.

Comme A. Lavoisier l’a repris d’un autre philosophe grec : « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » …

Sources :

www.LeFigaro.fr : Syndrome de l’Intestin irritable : fréquent et pourtant mal connu

www.Alternativesanté.fr : Gaz, spasmes, Intestin irritable…le Plan B FODMAP

www.tendancesante.net : les problèmes de digestion vu par la médecine traditionnelle chinoise

www.anguillesousroche.com : Le ventre est un symbole fort en médecine chinoise.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Merci d’avoir mon article de fin d’études ! Pour en savoir plus sur la formation en Acupression – MTCque j’ai suivie, n’hésitez pas à me contacter ou à suivre ce bouton pour découvrir cette formation.
Sophie Lafourcade

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